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 À PROPOS DE MONOLITOGRAPHY  

 

En 2019, Ali Arkady découvre des pierres monolithes, vieilles d’une centaine d’années, que l’école des Beaux-Arts prévoyaient de jeter. Il fût bouleversé par ces pierres, les âges qu’elles avaient traversé et toute la culture et la tradition qu’elles symbolisent. Lors de l’exposition collective de l’atelier Mesiti auquel il est rattaché aux Beaux-Arts de Paris, il expose les pierres pour la première fois et y projette ses vidéos, ayant disséminé des superpositions de ces pierres dans la salle. Après cette première étape de déconstruction de l’usage classique de la pierre, il allie cette découverte à une autre : celle de la lithographie, lorsqu'il travaille à l'atelier Bouwens. Inventée par Aloys Senefelder en 1796, mais mise au point dans les premières années du XIXème siècle, la lithographie, du grec lithos. « pierre » et graphein : « écrire », est une technique d’impression qui permet la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Cette technique rappelle à Ali Arkady celle de l'impression des vieux journaux et le renvoie à son background de journaliste.

 

Par le biais de son art, Ali Arkady chercher à raconter des histoires, à nous transmettre ce qu’il a vu, entendu. Il veut parler de son passé pour décrire le présent et appréhender le futur. Le choix de la pierre comme support ancre son travail dans un rapport au temps. Particulièrement aujourd’hui, à l’ère digitale, cela donne une dimension pérenne à son témoignage. La superposition de ses photographies sur ces pierres met en tension différentes périodes et sujets. Ali Arkady appelle cette technique monolithographie. Ses oeuvres créent une relation entre ces histoires, ces moments qui n’étaient pas destinés à se rencontrer et ouvrent une brèche dans la frontière entre les deux mondes d’Ali Arkady. Les guerres et déplacements en Irak, les pierres taillées en Allemagne qui ont édifié l’école des Beaux-Arts de Paris. La photographie, étymologiquement signifie écrire avec la lumière. En réunissant le symbole de la pierre-monolithe, sur lesquelles ont été peintes les premières images de l’humanité, ainsi que gravées ses premières lois, — et le témoignage de la lumière par la photographie, s’émancipant naturellement de la lourdeur de la pierre, Ali Arkady utilise les fondements même de l’Histoire pour en écrire en images la sienne, crûment contemporaine. 

Ali Arkady, artiste frontière. 

 

La production artistique d’Ali Arkady elle-même joue sur une autre frontière : celle de l’art et du journalisme. Ses oeuvres se tiennent à la limite entre les deux, ou plutôt les font exister simultanément. Le journalisme autant que l’art se sont entrelacés, ont influencé chaque sphère de sa vie. Ils sont devenus inséparables pour lui. Le journalisme, comme Ali Arkady se l’approprie, émane d’une puissante volonté de faire tomber les murs formés par les grands médias, de dépasser les frontières opaques de la désinformation. Dévoiler les crimes de guerres, la vérité du quotidien des invisibles, ce qui reste inaccessible aux médias à l’échelle internationale. La façon dont Ali Arkady utilise l’art le libère de ses carcans purement esthétiques et éloignés de tout ancrages concrets. Sa technique artistique s’attache elle aussi à transcender les limites des médiums avec lesquels il joue, dont il détourne l’utilisation première. Ali Arkady cherche toujours à surpasser les frontières : ses propres frontières, les frontières de sa création, les frontières socio-politiques autant que celles du monde de l’art.

 

 

Laure Despres et Elias Wallach

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